Nous ne savions trop à quoi nous attendre en allant voir Tenet au cinéma. Annoncé comme un messie qui allait sauver les salles de cinéma de leur morosité prolongée, le film était un des gros blockbusters estivals auquel nous ne pouvions trop couper. On est ressorti de la salle après 2h30 et maintenant qu'un peu de temps a passé, il faut coucher sur papier ce que nous avons pensé du dernier film de Christopher Nolan. Un peu à contrecœur...
Je préfère prévenir tout de suite, je n'aime pas spécialement Nolan. Je le trouve pompeux et froid, même si j'apprécie certains de ses films. Par-dessus tout je trouve insupportable ses emprunts répétés à l'animation japonaise qu'il fait mine d'avoir eu tout seul. Qu'on s'inspire de ceux qui nous ont précédé c'est une chose. Mais si on peut les citer c'est mieux, histoire que personne n'oublie qui était Satoshi Kon quand Inception reçoit les louanges que Paprika méritait. Bref !
Pour une fois, nous ne pouvons pas lui reprocher ça. Tenet est un film bien original comme il faut, qui conserve cette passion pour le temps que Nolan a développé tout au long de sa carrière depuis Memento et peaufinée dans Inception et Interstellar : la dilatation du temps dans les rêves pour l'un et la théorie de la relativité appliquée aux voyages spatiaux pour l'autre (regardez Gunbuster avant de crier au génie). Ce coup-ci, l'histoire nous embarque dans un thriller futuriste où l'humanité se bat contre elle-même, venue du futur par le biais d'une machine qui inverse le temps des choses et des gens. Imaginez un homme courir au ralenti ou une balle déjà tirée. Difficile de se battre contre un événement qui a déjà eu lieu.
C'est pourtant ce que va devoir faire « le Protagoniste », joué par John David Washington. Initialement membre de la CIA affrété sur une prise d'otages en Ukraine, notre héros finit capturé. Torturé puis laissé pour mort, il revient à la vie malgré la capsule de cyanure. Son nouvel ennemi est l'humanité de demain toute entière et son combat commence maintenant.
Oui, c'est plutôt alléchant dit comme ça ! Le concept est original et difficile d'imaginer quelqu'un d'autre que Christopher Nolan pour le réaliser. Est-ce le plus Nolan des films de Christopher Nolan ? Peut-être bien. Seulement Tenet est une boursouflure. Le film est trop long ! 2H30 pour intellectualiser à outrance et rendre plus complexe qu'il ne l'est vraiment un concept vraiment intéressant. Les dialogues sont trop lourds pour une intrigue finalement si simple que la fin en est déjouable plus d'une heure avant son arrivée.
C'est d'autant plus dommage que le duo principal, Washington (fils de Denzel) et Pattinson (futur Batman), est tout à fait convaincant. On imagine et ressent leur complicité, il se dégage un vrai esprit de camaraderie palpable dès les premiers instants. Kenneth Branagh surjoue un peu trop le grand méchant russe, jusqu'à la caricature (la faute aux répliques surtout), qui vient rappeler que Nolan s'est largement inspiré de James Bond pour ce film. Debicki en femme battue aux moues permanentes avec ses yeux fatigués peine à convaincre également à cause de son manque de relief. On est en 2020, la James Bond girl elle peut avoir un meilleur rôle que ça, Christopher. Au moins t'as esquivé la scène de coucherie, c'est déjà ça.
Y aller pour le spectacle alors ? Même pas. Tenet n'est pas divertissant, l'action y est comme étouffée dans un vacarme assourdissant de la bande-son qui cherche à faire suffoquer le spectateur mais ne réussit qu'à le rendre sourd. Les coups sont vides. Autant les poings que les explosions se noient dans des cadrages lent où la caméra glisse avec la souplesse d'un scalpel. Rajoutez quelque débullés pour rendre certaines scènes inquiétantes et « Voilà ! ». Difficile de comprendre l'ambiance que cherche à installer Nolan dans le film. La musique tend vers l'angoisse, mais les images vont vers l'action sans la générosité d'un John Wick ou d'un Fast & Furious.
Une erreur alors que le film voyage autant ! De l'Ukraine à la Norvège en passant par l'Inde, c'est une véritable pub Thomas Cook. D'autant que le film s'était fait mousser au son de « on a fait pété un 747 pour le film ». La scène en question est aussi molle que le reste. L'unique nervosité du film réside dans un affrontement en cuisine avec des sbires, autant dire que ça vole pas haut. Même la scène de course-poursuite avec la voiture inversée vue dans la bande annonce a quelque chose de flottant. Vraiment, c'est difficile à appréhender.
Le plaisir de spectateur est aussi peu présent que son confort. Nous retenons quand même la scène où le Protagoniste va de « l'autre côté » qui, elle, a vraiment des relents d'Inception, avec cet aspect découverte totale d'un monde aux règles complètement différentes et qui arrive presque à nous bluffer. Hélas, cela manque de spectaculaire pour réussir à déclencher notre suspension d'incrédulité.
Disons quand même qu'on peut aller voir Tenet. Non pas parce que c'est un bon film, mais bien pour la formidable performance des acteurs principaux et pour l'inventivité, l'idée, l'étincelle originelle qui l'a vu naître. Pour l'exécution il faut s'attendre à du Nolan, froid et fade comme souvent - certains apprécient cette esthétique, apparemment -. Si vous vous attendez à plus, cherchez ailleurs.
August 31, 2020 at 11:59AM
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Critique Tenet : aussi peu inspiré à l'entrée qu'à la sortie - IGN France
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paprika
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